L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES – No 413 – Juin 2018:
Dans le domaine de l’eau, en particulier l’eau potable, les réseaux intelligents deviennent une réalité. Les composants en sont connus : des capteurs, un support de communication, des capacités de traitement des données recueillies, le tout autant que possible en temps réel. Toutes ces briques existent aujourd’hui sur le marché, l’enjeu étant de les faire fonctionner ensemble. Reste surtout aux exploitants de réseaux à déterminer leurs besoins : l’intelligence pour quoi faire?
À la tête de patrimoines vieillissants, soumis à de strictes contraintes environnementales, économiques et réglementaires, les exploitants de réseaux d’eau cherchent à optimiser leur gestion. Pour cela, ils se tournent de plus en plus vers les TIC, cherchant à rendre leur réseau “intelligent”. Ils le bardent donc de capteurs qui fournissent en temps réel (ou en tout cas à fréquence élevée) de nombreuses données simples sur son état. Données envoyées vers une centralisation dotée de capacités d’analyse, et capable d’en tirer des renseignements pour diagnostiquer un problème, planifier les interventions ou les opérations de maintenance, et de manière générale optimiser la performance du réseau. « C’est la compilation de multiples données, individuellement pas très intéressantes, qui permet de faire émerger un sens », explique Pascal Perrière, directeur commercial chez Diehl Metering. Tout cela suppose évidemment un canal de transmission des données. « Cela dépend des situations locales, mais dès lors qu’un téléphone portable passe dans un secteur, la télégestion peut contribuer à rendre un réseau intelligent, explique Benoît Quinquenel chez Lacroix Sofrel. Pour les zones d’ombre, il existe d’ailleurs d’autres solutions, basées sur la radio propriétaire, par exemple. Les infrastructures sont toutefois de plus en plus ouvertes, tournées
vers Internet, ce qui permet de communiquer en permanence, donc de gagner en réactivité. Les réseaux deviennent “tout IP”, c’est la révolution du moment ».
La détection de fuites: un souci d’actualité
Préoccupation première de tout exploitant de réseau d’eau, la recherche des fuites qui va faire l’objet d’obligations très précises à l’issue des Assises de l’eau qui doivent se tenir d’avril à novembre 2018. Elle suppose classiquement une approche sur le terrain, par étapes (voir EIN 403), autant que possible sur un réseau déjà sectorisé. La détection “intelligente” de fuite peut se réaliser par plusieurs approches. Des firmes comme GUTERMANN, Seba, VonRoll Hydro ou Hydreka prônent la corrélation automatique. « Cela a représenté une grande avancée dans la vie des réseaux, il y a cinq ans. Au lieu de signaler « il y a un bruit », la technique poussée au bout permet de dire où se situe la fuite », explique Luc Bade, directeur commercial France chez GUTERMANN. Sa société a pour cela développé des corrélateurs fixes, disposés à intervalles réguliers sur le réseau (jusqu’à 150 mètres pour les appareils munis d’un bon micro). Ces ZONESCAN 820 sont en fait des enregistreurs de bruit, munis de microphones et synchronisés à la milliseconde. Ce qui les rend “intelligents” ? Tous les matins, ils envoient – par GSM ou réseau radio propriétaire (avec des concentrateurs ZONESCAN ALPHA) – leurs fichiers son, enregistré la nuit lorsque la consommation est minimale, vers le logiciel Zonescan.net hébergé dans un serveur opéré par Gutermann. C’est ce dernier qui réalise l’analyse de corrélation et envoie automatiquement les résultats à l’exploitant. « Chaque client dispose d’un identifiant et d’un mot de passe et peut accéder à ses résultats à partir de n’importe quel ordinateur », précise Luc Bade. Bien entendu, il existe des passerelles vers les outils de supervision tels que ceux développés par Areal, Codra ou encore IT Mation. Ou encore vers des outils spécifiques. Les résultats sont par exemple renvoyés directement vers Hublo, le système de supervision global de la Métropole du Grand Lyon, qui a installé 6.000 corrélateurs GUTERMANN sur son réseau. Pour les canalisations de transport de gros diamètres (Feeders de plus de 600 mm), que l’on ne peut pas équiper de multiples loggers classiques, GUTERMANN propose un hydrophone à poste fixe pourvu de la fonction corrélation quotidienne, une première pour ce type d’appareils. Le HISCAN, qui peut s’intégrer à une solution de type ZONESCAN, est équipé d’un panneau solaire pour l’énergie. Il exploite la propagation du son dans l’eau pour capter des bruits jusqu’à 800 mètres, quel que soit le matériau de la conduite. Il peut donc se placer sur les vannes situées à l’extrémité de chaque chambre de conduite. Depuis début 2018, le Grand Lyon est en phase de déploiement de cette solution sur des conduites en fonte de 600 mm.
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